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Les Langues Modernes

avril-mai 1938, pp. 384-85

‘A Vision’

A. Rivoallan

G796

A Vision,   by W. B. Yeats (Londres, Macmillan, 1937, 306 p., 15 sh. net).

On trouve ici réunis divers curieux aspects de l'activité intellectuelle la plue récente de Yeats. Le début cependant remonte à 1928 (A Packet for Ezra Pound) y compris l'Introduction, si précieuse comme jalon dans l'histoire de son développement. Puis viennent des Récits de notre vielle connaissance Robartes, avec son inséparable Aherne: des prémonitions extraordinaires y conduisent à des action surprenantes, sous le signe un peu lointain de Villiers de l'Isle-Adam. Là-dessus, dans un poème d'une veine assez inattendue, puisqu'on y voit Yeats faire de l'homour et, à ses propres dépens, Robartes et Aherne, accoudés sur un pont rustique, guettent la Tour du poète (Thorballylee), où une lumière attardée révèle le solitaire acharné à la poursuite d'une sagesse que ses livres savants ne lui donneront jamais (The Phases of the Moon).

C'est alors la Vision proprement dite, et les mystères de la Grande Roue: elle serait bientôt pour nous la roue de torture, avec ses cônes tournoyants qui s'entrepénètrent, en des alternances où se pourchassent le Vouloir et l'Esprit Créateur, le Masque et le Corps du Destin, l'être primordial et l'être antithétique. Mais par bonheur, Yeats ne sait pas maintenir dans ce jargon: il se repose, et nous délasse, en revenant au concret. Là, les moroses «Facultés», étroitement associées aux phases le [sic] la lune, aux signes du Zodiaque, à la Grande Armée [sic] des Anciens, aux vingt-huit Incarnations, s'humanisent en des applications littéraires, parfois savoureuses dans leur imprévu, car les bêtes noires du poète y défilent sous de tout autre signes que ses amis. Ajoutons que cette science et [sic] dictée à Yeats par des instructeurs invisibles, à des heures qu'il ne choisit point.

Ne nous plaignons pas trop cependant, si ce grinçant appareil cabalistique co-spirite tient en haleine la belle imagination que naguère suffisait à entretenir le folklore grandiose de l'Irlande, et qui maintenant reçoit son inspiration d'un monde surnaturel, à travers ce médium d'ailleurs si averti, raffiné et cultivé, qu'est la femme du poète. De sa Vision touffue, sombre, inextricable, jaillira quelque prochain jour, comme d'un bûcher, tenacement reconstruit, la flamme noble et haute et s'envolera une fois de plus le merveilleux oiseau qui renaît de ses cendres.

A. RIVOALLAN

 


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